Sofia Stril-Rever : méditer pour sauver le monde – 1
Posté par Aurélie Brunet
En quoi changer son état d’esprit et méditer, c’est déjà changer le monde ? Biographe française du 14e Dalaï-Lama et spécialiste du Tibet, Sofia Stril-Rever a sorti en octobre 2020 son dernier livre, “L’urgence d’aimer”, centré sur l’amour et la méditation. Elle nous offre un ouvrage profond qui nous pousse à nous éveiller à l’unité du vivant, comme à être nous-mêmes l’amour que nous souhaitons voir dans le monde. Afin de propager son message dans le monde, l’écrivaine et scénariste indianiste et sanskritiste a créé le concept de ses “médit-actions” d’amour inconditionnel et de responsabilité universelle. Hello La terre a interrogé Sofia Stril-Rever sur son parcours et son approche de la méditation. Première partie de notre interview.
Sofia Stril-Rever, quel a été le déclic pour écrire votre livre “L’urgence d’aimer” ?
Ce livre, c’est comme si je l’avais écrit pendant toute ma vie puisque depuis toute petite, j’ai eu la chance d’être connectée au patrimoine spirituel de l’humanité. Sur les genoux de mon grand-père, j’entendais à l’âge de 3 ans les Evangiles, qu’il me lisait et relisait tous les jours. Je suis consciente que le message évangélique s’est déposé en moi et qu’il m’inspire. Jeune adulte, j’ai eu la chance d’être initiée à la méditation. J’ai par la suite étudié le sanskrit et lu les grands textes de la tradition indienne et bouddhiste. Je les ai traduits pour certains et médités au fil du temps. L’Urgence d’aimer est né à la confluence de ces grandes traditions spirituelles reçues en héritage.
Les incendies de 2018 m’ont aussi inspiré un sentiment d’urgence absolue : la taïga en Sibérie, puis le Groenland, la Californie, l’Amazonie, l’Afrique, l’Indonésie, ensuite en 2019 les méga feux en Australie. Et j’ai pris conscience, avec la pandémie de covid-19, que le feu embrasait aussi nos corps humains. Je suis frappée par le corollaire entre les poumons de la planète (la forêt) qui brûlent autour de la Terre et maintenant les poumons humains que dévaste la fièvre de la Covid-19. Avec les incendies, des milliards de formes de vie ont péri, aussi bien des végétaux que des animaux, dont le koala d’Australie, aujourd’hui une espèce déclaré en voie d’extinction. Ce sont des millions d’humains que la maladie asphyxie aujourd’hui sur tous les continents. Il était important pour moi avec cet ouvrage de faire passer le message de l’urgence d’aimer pour se réinventer individuellement et collectivement par la médit-action.
Votre livre “L’urgence d’aimer” est sorti la veille du 2e confinement ?
Oui et je l’ai écrit pendant deux ans. Au printemps 2020 lors du 1e confinement, j’ai écrit, portée par le mouvement de la nature, les jours qui rallongent, la montée des sèves. Mars est le mois de la renaissance du monde vivant. J’ai ressenti l’espoir, comme tout un chacun, que la pandémie s’arrête avec les beaux jours. Mon livre a été publié le 8 octobre 2020, à la veille du 2e confinement. Cela a du sens, car l’urgence d’aimer c’est aussi l’urgence de se réinventer. Je l’ai éprouvé avec beaucoup de force le 21 décembre 2020, où j’ai guidé une méditation live sur les Mondes d’après, un média alternatif. Les connexions sont montées très vite jusqu’à 2 000. Pour un autre live, cette fois avec des chamans d’Amazonie, nous avons eu jusqu’à 20 000 connexions toujours sur les Mondes d’après ! Je pense que mon livre a comme vocation d’accompagner ce passage vers le renouveau.
Vous êtes biographe française du Dalaï-Lama. Lequel de ses enseignements vous a le plus chamboulée ?
Je dirais la réalité de l’amour et de la compassion. Le Dalaï-Lama affirme souvent, de différentes manières, que la compassion n’est pas du luxe, mais une nécessité si l’humanité veut survivre. On me demande souvent aussi quelle est selon moi la qualité principale du Dalaï-Lama. Je réponds toujours : son réalisme, car il voit le bien autour de lui, malgré les tsunamis de mauvaises nouvelles que les médias relaient tous les jours. La méditation participe justement de cette rééducation de regard : savoir observer l’ambivalence de la réalité qui comporte aussi tant de choses belles et simples en soi et autour de soi. Lorsque l’on découvre cette abondance du bien et de la beauté de la vie, on est alors à même de sortir de la consommation compulsive qui cause tellement de catastrophes humaines et environnementales.
Changer son état d’esprit, c’est déjà changer le monde ? En quoi l’avenir de l’être humain se niche dans chacune de nos pensées et paroles ?
L’humanité est une espèce fabulatrice, c’est-à-dire qu’elle crée des contes et des légendes depuis le début du monde. Les dessins des sites préhistoriques sont sans doute les traces des récits que nos ancêtres partageaient, le soir, dans les cavernes. Notre imaginaire construit des représentations, qui permettent d’anticiper le passage à l’action. Nous mettons en forme nos rêves pour avancer. On dit souvent d’ailleurs que l’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain. Il s’agit d’une compétence cognitive propre à l’être humain. Notre avenir s’invente dans nos pensées, nos paroles, nos discours. Si l’on change notre état d’esprit, notre vision du monde, alors notre destin changera. Le temps est venu de créer de nouveaux récits, de déployer de nouveaux imaginaires pour co-créer ensemble un nouveau monde.
On a le sentiment de vivre une fin des temps. La fin est aussi un renouveau. Dans toutes les traditions, l’apocalypse est à la fois une dévastation et un âge de révélations. Pour que cet effondrement du monde permette l’enfantement d’un monde nouveau, l’être humain doit avoir la force d’aligner son esprit et son cœur. Les solutions ne sont pas dans le mental humain, aussi longtemps qu’il est déconnecté du cœur. Nous vivons une révolution qui va de l’intérieur vers l’extérieur du monde. Avec la pandémie de la covid-19, on est en train de passer dans le tunnel pour renaître vers la lumière. Soit on accompagne ce mouvement pour renaître, soit on reste enfermé dans la peur qui est destructrice. Prenons le risque de renaître et de vivre.
Comment expliquez-vous que la pratique de la méditation arrive à unir les êtres humains malgré la distanciation sociale ?
La méditation nous reconnecte avec ce qu’il y a de plus profond en nous. Elle rétablit donc l’unité avec soi-même, mais aussi avec les autres. Cette unité est indépendante de toute contingence, comme la distanciation sociale par exemple. Il y a en chaque être humain un espace du cœur qui est non local, ce qui nous permet de nous connecter dans le cyber espace. Avec le confinement, j’ai souhaité proposer des méditations sur internet via mon site web Be the love.
Propos recueillis par Aurélie Brunet
Le livre de Sofia Stril-Rever « L’urgence d’aimer » est paru le 08/10/2020 chez MASSOT EDITIONS.
Voilà, c’est fini pour la partie 1 de notre interview de Sofia Stril-Rever. Découvrez la deuxième partie de notre interview de la fascinante Sofia Stril-Reiver, où nous abordons ses inspirations, le concept de ses “médit-actions” et ses espoirs pour demain.