Alexandre Jollien : Tout Savoir Sur Le Philosophe De La Joie

Alexandre Jollien, qui est-il ? Quel a été son parcours ? Comment a-t-il dépassé son handicap en devenant philosophe ? Avec cet article, découvrez le philosophe de la joie à travers ses œuvres et sa biographie. Vous saurez tout sur l’écrivain suisse : son destin incroyable, sa vision rafraichissante du bonheur, ses ouvrages philosophiques, ses études, sa rencontre avec sa femme Corine Jollien et la fondation de sa famille, etc.

Petit traité de l’abandon, guide incontournable du bonheur

Aller à la rencontre de cet homme authentique commence idéalement par son Traité de l’abandon paru en 2012. C’est un petit trésor philosophique à placer sur sa table de chevet, comme porte-bonheur de ses pensées. Paru en 2012, Petit traité de l’abandon explique avec humour et profondeur “un art de vivre pour assumer les hauts et les bas du quotidien“. Cette promesse universelle de bien-être donne envie d’étudier ce guide à la lumière de sa propre vie intérieure.

“La vie n’est jamais loupée. La vie n’est pas à réussir. Ce n’est pas un objectif. Vivre est à soi sa propre fin.”

Alexandre Jollien

Une phrase attribuée à Bouddha revient souvent dans ce recueil, issue du Soutra du diamant : “Bouddha n’est pas Bouddha, et c’est pour cela que je l’appelle Bouddha”. Que signifie cette énigme ? Le philosophe explique très bien son propos dans une interview accordée au magazine Le Point le 30/08/2012 :

“Dire “la souffrance n’est pas la souffrance, c’est pourquoi je l’appelle la souffrance.”. Cela me guérit et me sauve. C’est proprement génial : à la fois. La souffrance n’est absolument pas niée (…) et, dans le même temps, on ne se fixe pas en elle.”

Dans ce livre, l’auteur souligne l’importance de l’amour inconditionnel, le seul remède selon lui pour combattre la maladie et le handicap :

“L’amour inconditionnel, ce n’est pas la tolérance absolue. C’est la bienveillance totale envers ce qui est ici et maintenant. Peu importe le passé. (…) Paradoxalement il existe de la joie dans la souffrance.

Pour appuyer son point de vue, Alexandre Jollien n’hésite pas à s’appuyer avec humour sur une anecdote de sa vie quotidienne vécue auprès de ses enfants :

“Je ne peux pas ouvrir un yaourt comme les autres. J’ai besoin de mon fils de six ans pour le faire. Mais c’est fou comme l’expérience de la souffrance est parfois proche de celle de la joie et du bonheur. (…) J’étais incapable d’ouvrir un yaourt, mais ce moment a été celui d’une complicité sans nom avec mon fils.”

Alexandre Jollien : un destin incroyable !

Un potentiel intellectuel tardivement détecté

Né en 1975 en Suisse, Alexandre Jollien est atteint d’athétose depuis sa naissance, suite à un étranglement par cordon ombilical. En conséquence, il vit de ses trois ans à ses vingt ans au sein d’une institution spécialisée pour les handicapés. L’écrivain et philosophe porte la douloureuse étiquette d’infirme moteur cérébral. Son enfance n’est pas des plus faciles. Fait peu commun, Alexandre se souvient très bien du combat pour faire ses premiers pas, à l’âge de huit ans, dans les couloirs blancs de l’institut. Son élocution spasmodique et ses gestes incontrôlés trompent les médecins qui ne décèlent pas tout son potentiel intellectuel. Heureusement, ses parents lui sont d’un grand soutien. Alexandre les retrouve avec joie tous les week-ends. Alors chaque dimanche soir, le retour à l’institut est douloureux. Mais il y fait de belles rencontres qui le marqueront à vie, racontées dans son premier ouvrage Eloge de la faiblesse publié en 1999.

Les vertus de la bienveillance auprès de ses camarades de l’institut

Heureusement, un instinct naturel de solidarité bienveillante lie au fil des années les enfants de l’institut. Ce lien social allège le quotidien pesant d’Alexandre qui doit combattre les souffrances liées à son handicap et travailler pour progresser chaque jour vers plus d’autonomie. Parmi les moments clés de son enfance passée entre les murs blancs de l’institut, Alexandre Jollien raconte l’émotion vive ressentie, lorsqu’un de ses camarades d’infortune lui demande tout simplement si ça va?

“[…] en face, Jérôme, au regard profond, qui m’observait attentivement. Une fois, il me lança, de sa voix éteinte, dans un effort surhumain un “Çaa bva ?“. La pensée que Jérôme, paralysé au fond de son lit, s’inquiétait de mes infimes soucis me bouleverse encore aujourd’hui. Il ne m’avait pas sermonné sur le courage, sur la nécessité de penser positif comme le prône la littérature édifiante, mais par de simples mots : “Çaa bva ?” il avait tout dit. Son soutien était total.”

Pied de nez à son destin, Alexandre passe un jour un test de QI, dont la conclusion est sans appel. Les médecins annoncent à ses parent, qu’Alexandre a le plus bas QI des enfants de son âge à l’institut. Tout le destine à s’éloigner des études supérieures pour embrasser la carrière manuelle confiée aux handicapés : “fabriquer des boîtes à cigares”. Faisant fi de tous ces mauvais présages, une rencontre lumineuse avec l’aumônier de l’institut éveille son appétence pour la spiritualité. Leurs discussions stimulent l’intellect et la curiosité du jeune homme.

Des études supérieures brillantes en commerce, lettres et philosophie

Contre toute attente, Alexandre entre en 1993 dans une école de commerce pour “assurer ses arrières”. Un jour, le jeune homme se rend par hasard dans une librairie avec une amie. Au fil des pages, il y découvre la philosophie. C’est le début d’une passion pour la philosophe qui deviendra un pilier majeur dans sa vie. Le futur écrivain a la révélation limpide qu’il doit désormais consacrer sa vie à la philosophie. Jeune étudiant, il s’adonne avec beaucoup de joie à la lecture de Socrate, Spinoza, Saint Augustin, etc. Durant cet apprentissage, il est fortement porté par sa citation préférée de Socrate : Il faut chercher à vivre meilleur plutôt que de chercher à vivre mieux.”

À vingt-deux ans, Alexandre Jollien part étudier au Lycée de la Planta à Sion en 1997. Il se rend ensuite à l’Université de Fribourg pour y étudier les lettres. Déterminé à s’adonner à la philosophie tous les jours de sa vie, le jeune étudiant se lance dans l’écriture avec courage. Générant une forte fatigue, son handicap le ralentit chaque jour. Bien souvent, il est contraint de dicter ses textes.

Un succès immédiat pour son premier livre Eloge de la faiblesse (1999)

Son premier ouvrage publié à l’âge de vingt-quatre ans

Alexandre Jollien

Ce premier opus est très bien accueilli par la critique et le grand public. Le jeune philosophe y écrit avec humour, à l’aide de tournures de phrases simples et rigoureuses à la fois, ses réflexions sur les affres inextricables de la vie. Ce petit livre fluide et authentique offre au lecteur la possibilité de découvrir le parcours d’Alexandre depuis son enfance, tout en explorant une approche pragmatique et positive de la philosophie. C’est l’ouvrage parfait pour qui souhaite rencontrer la philosophie pour la première fois.

L’auteur est centré sur son état d’esprit de l’époque :

Accueillir “la joie au cœur de l’épreuve, la joie de progresser sur les chemins hasardeux de l’existence.”

   

Une créativité née dans le dépouillement

Afin d’illustrer ses questionnements intérieurs, Alexandre a l’originalité d’imaginer une rencontre entre lui et son premier guide, Socrate. Sous forme de dialogue, il s’y interroge sur sa recherche philosophique et la notion de normalité. C’est avec ce livre, qu’Alexandre Jollien obtient le prix Mottart de l’Académie  française de soutien à la création littéraire, et le prix Montyon 2000 de littérature et de philosophie. Ce succès est aussi international puisque ce premier opus sera traduit en plusieurs langues.

“Très vite, j’eus l’intuition qu’en fuyant le handicap, on s’isole. Il est là, il faut l’accueillir comme un cinquième membre, composer avec lui. Pour ce faire, la connaissance de ses faiblesses me semble primordiale. (…) Il ne faut pas fuir le handicap. Regarde-moi, pour cacher le mien, il faudrait que je sorte dans la rue emballé dans un sac poubelle !”

L’écrivain rejoint, sans le nommer, le concept de résilience cher à Boris Cyrulnik :

“Je dis simplement qu’il faut tout mettre en œuvre pour parvenir à tirer profit, même de la situation la plus destructrice. (…) Il faut trouver des moyens pour l’éliminer (la souffrance), si on ne le peut pas, l’accepter, lui donner sens.”

Bien loin des boites en carton, l’homme de lettres part étudier en Irlande de 2001 à 2002, pour y étudier le grec ancien au Trinity College de Dublin. Ce qui l’amène à se spécialiser dans la philosophie grecque.

 

La nécessité de se battre pour atteindre le bonheur

La reconnaissance de ses pairs et du grand public pousse l’écrivain à poursuivre ses écrits philosophiques. En 2002, il publie son nouvel ouvrage Le Métier d’homme où il écrit :

Rien n’est grave, puisque tout est grave. (…) Il faut s’engager ou au moins consentir, sinon le combat si exigeant tournerait vite court. Le tragique est là, moi aussi! Entre deux, tout reste à bâtir. (…) Chacun y va à tâtons, essuyant des échecs, bâtissant sur des ruines.”

Une rencontre capitale avec sa femme et mère de ses trois enfants Corine Jollien

Alexandre Jollien et deux de ses enfants
Alexandre Jollien est avec sa femme Corine le papa heureux de 3 enfants

Le philosophe de la joie rencontre sa future femme Corine Jollien à Dublin. D’origine suisse, Corine Jollien est relieuse de livres. Ils se marient en 2004. Le jeune philosophe a très vite la joie de goûter à la paternité. De cette union naissent trois enfants, dont la belle innocence et la jouissance spontanée de l’instant présent ne cessent d’émerveiller l’écrivain. Un bonheur n’arrive jamais seul. Tout juste papa de son aînée Victorine, Alexandre Jollien obtient au printemps 2004 sa  licence en lettres à l’Université de Fribourg. Corine est naturellement la première lectrice de l’écrivain.

 

La poursuite de son œuvre avec La Construction de soi (2006)

Dans l’ouvrage La Construction de soi, l’écriture d’Alexandre Jollien s’offre toujours aussi simplement à ses lecteurs, à travers le récit d’histoires dignes des contes anciens :

“Un homme détenait pour toute richesse une pierre précieuse. (…) Un jour le malheureux laissa tomber la pierre sur le sol qui altéra le lissage. Il demanda l’intervention de lapidaires qui s’efforcèrent sans succès d’éliminer l’égratignure. On présenta le joyau à un étranger: “regardez, ma pierre est abîmée à jamais” L’artisan prit ses instruments, examina l’objet, puis dessina sur l’empreinte des pétales et des feuilles. L’artiste qui tire profit du réel m’a fait songer à votre Aristote bien-aimé qui nous prête un outil que le grec nomme kairos: l’opportunité, l’occasion propice, le moment favorable. Aristote suggère qu’il est le bien dans le temps. J’y trouve un encouragement à poser l’acte qui convient dans le présent, à oser la parole appropriée, le geste qui, s’ajustant à la réalité, œuvre au bien.”

     

Une vie riche de contacts et de partages

Mais l’écrivain suisse ne reste pas dans sa caverne. Il se lie d’amitié avec des artistes, parmi lesquels l’acteur Bernard Campan, qui devient son meilleur ami. Ils s’appellent presque tous les jours. Les deux complices collaborent ensemble à l’écriture du scénario du film La Face cachée, sorti dans les salles obscures en 2007. Alexandre Jollien commence aussi à animer des conférences sur la philosophie grecque. Il est heureux de pouvoir souvent témoigner de son handicap, qui ne l’a pas empêché d’accomplir ses rêves. Le philosophe rend son travail accessible aux aveugles : le livre sonore La philosophie de la joie est édité en septembre 2008 par Clémentine Deroudille. Sur ce CD, sont regroupés des extraits de ses conférences et ses passages dans des émissions radio.

C’est à partir de 2009 que le philosophe, né dans le christianisme, s’imprègne du bouddhisme. Il prend alors l’habitude de pratiquer la méditation matins et soirs. A plusieurs reprises, l’écrivain effectue des retraites dans des monastères, alors que la pratique de la méditation ne lui est pas facilitée par le handicap. Dans cet équilibre, le sport n’est pas en reste, puisque l’écrivain s’adonne avec sérieux à des cours de judo, à raison de trois fois par semaine. Alexandre reçoit en 2010 le Prix Pierre Simon éthique et société qui vient couronner l’ensemble de son œuvre.

Son livre Le Philosophe nu (2010) reçoit le Prix Psychologies-Fnac 2010

“Dans Une Vie Bouleversée (son journal), Etty Hillesum me délivre d’une tentation : “Ce matin, je me suis octroyé une demi-heure de dépression et d’angoisse”. Si je repense à mon enfance, je vois bien que les moments tristes, les chagrins et la peine, je ne les ai pas vécus à fond. Je n’ai fait que les accepter en surface. (…) “Accepter que nous ne guérirons peut-être jamais de nos carences ni de nos plaies, assumer que les coups du passé peuvent hanter une âme pour nous ouvrir aux dons du jour et, pourquoi pas, les partager. Voilà à peu près tout ce que nous pouvons faire !”

Suivront ensuite les livres Vivre sans pourquoi : Itinéraire spirituel d’un philosophe en Corée (2015) et Trois amis en quête de sagesse (2016) co-écrit avec Matthieu Ricard et Christophe André qui connût un grand succès.

Alexandre Jollien
Alexandre Jollien entouré de ses 2 amis et co-auteurs Matthieu Ricard et Christophe André

Une authenticité qui touche en plein cœur

L’écrivain poursuit sa route. En 2018, il publie le livre La sagesse espiègle, ouvrage dans lequel il explore l’attachement et la dépendance fort, malgré une forte tempête émotionnelle qui manque de tout lui faire perdre. En 2019, il publie son dernier livre À nous la liberté, une nouvelle fois avec ses amis Christophe André et Matthieu Ricard. Ensemble, ils s’interrogent sur l’aliénation, la dépendance et “tout ce qui nous plombe et nous tire vers le bas”.

Au fil de son parcours initiatique, la lecture des livres d’Alexandre Jollien offre l’apaisement et une meilleur compréhension de la psychée humaine face à la souffrance et la faiblesse. Dans chacune de ses œuvres, l’écrivain confie sa manière très personnelle de vivre la vie dans la paix, aussi bien dans la souffrance, la maladie que dans le bonheur. Laissons conclure le tétraplégique Philippe Pozzo di Borgo, à l’origine du film Intouchables :

 

“Alexandre, qui pourrait être mon fils, m’a fait retrouver la transparence de mon enfance, la drôlerie de notre condition humaine, le sérieux de la relation. C’est un magicien.”

 

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Crédits photo : DR, © Sabine Papilloud

Vous l’aurez compris, Alexandre Jollien est une personne magnifique, qui accompagne ses lecteurs sur le chemin du bonheur. Et vous, qu’en pensez-vous ? Que vous inspirent l’œuvre et la personnalité d’Alexandre Jollien ? 🤔😃

Vous avez apprécié cet article sur le philosophe de la joie Alexandre Jollien ? Continuez avec nous votre voyage pour plus de joie et de bonheur au quotidien. Découvrez en quoi le livre La fabrique à kifs, (co-écrit par Audrey AkounIsabelle Pailleau et Florence Servan-Schreiber) est une bible de la psychologie positive à mettre devant toutes les mirettes !

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4 Commentaires
  1. Champion
    24 octobre 2020 à 14:43

    “Le philosophe nu ” m’a profondément aidé sur ma recherche de paix intérieure dans la traversée de mes tempêtes émotionnelles. Lecture inspirante et aide précieuse pour vivre ma vie. Un grand Merci mon frère

  2. 26 octobre 2020 à 19:48

    Très bon choix. Nous aussi on aime beaucoup ce livre !

  3. Pesnel
    2 novembre 2020 à 18:51

    Merci pour tous vos ouvrages et Bravo a vous! Bone continuation! J’adore revisiter votre approche de la vie dans l’éloge d la jeunesse ! A bientôt pour de nouveaux partagés avec vos amis !

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