Alexandre Jollien : un destin incroyable !
Un potentiel intellectuel tardivement détecté
Né en 1975 en Suisse, Alexandre Jollien est atteint d’athétose depuis sa naissance, suite à un étranglement par cordon ombilical. En conséquence, il vit de ses trois ans à ses vingt ans au sein d’une institution spécialisée pour les handicapés. L’écrivain et philosophe porte la douloureuse étiquette d’infirme moteur cérébral. Son enfance n’est pas des plus faciles. Fait peu commun, Alexandre se souvient très bien du combat pour faire ses premiers pas, à l’âge de huit ans, dans les couloirs blancs de l’institut. Son élocution spasmodique et ses gestes incontrôlés trompent les médecins qui ne décèlent pas tout son potentiel intellectuel. Heureusement, ses parents lui sont d’un grand soutien. Alexandre les retrouve avec joie tous les week-ends. Alors chaque dimanche soir, le retour à l’institut est douloureux. Mais il y fait de belles rencontres qui le marqueront à vie, racontées dans son premier ouvrage Eloge de la faiblesse publié en 1999.
Les vertus de la bienveillance auprès de ses camarades de l’institut
Heureusement, un instinct naturel de solidarité bienveillante lie au fil des années les enfants de l’institut. Ce lien social allège le quotidien pesant d’Alexandre qui doit combattre les souffrances liées à son handicap et travailler pour progresser chaque jour vers plus d’autonomie. Parmi les moments clés de son enfance passée entre les murs blancs de l’institut, Alexandre Jollien raconte l’émotion vive ressentie, lorsqu’un de ses camarades d’infortune lui demande tout simplement si ça va?
“[…] en face, Jérôme, au regard profond, qui m’observait attentivement. Une fois, il me lança, de sa voix éteinte, dans un effort surhumain un “Çaa bva ?“. La pensée que Jérôme, paralysé au fond de son lit, s’inquiétait de mes infimes soucis me bouleverse encore aujourd’hui. Il ne m’avait pas sermonné sur le courage, sur la nécessité de penser positif comme le prône la littérature édifiante, mais par de simples mots : “Çaa bva ?” il avait tout dit. Son soutien était total.”
Pied de nez à son destin, Alexandre passe un jour un test de QI, dont la conclusion est sans appel. Les médecins annoncent à ses parent, qu’Alexandre a le plus bas QI des enfants de son âge à l’institut. Tout le destine à s’éloigner des études supérieures pour embrasser la carrière manuelle confiée aux handicapés : “fabriquer des boîtes à cigares”. Faisant fi de tous ces mauvais présages, une rencontre lumineuse avec l’aumônier de l’institut éveille son appétence pour la spiritualité. Leurs discussions stimulent l’intellect et la curiosité du jeune homme.
Des études supérieures brillantes en commerce, lettres et philosophie
Contre toute attente, Alexandre entre en 1993 dans une école de commerce pour “assurer ses arrières”. Un jour, le jeune homme se rend par hasard dans une librairie avec une amie. Au fil des pages, il y découvre la philosophie. C’est le début d’une passion pour la philosophe qui deviendra un pilier majeur dans sa vie. Le futur écrivain a la révélation limpide qu’il doit désormais consacrer sa vie à la philosophie. Jeune étudiant, il s’adonne avec beaucoup de joie à la lecture de Socrate, Spinoza, Saint Augustin, etc. Durant cet apprentissage, il est fortement porté par sa citation préférée de Socrate : “Il faut chercher à vivre meilleur plutôt que de chercher à vivre mieux.”
À vingt-deux ans, Alexandre Jollien part étudier au Lycée de la Planta à Sion en 1997. Il se rend ensuite à l’Université de Fribourg pour y étudier les lettres. Déterminé à s’adonner à la philosophie tous les jours de sa vie, le jeune étudiant se lance dans l’écriture avec courage. Générant une forte fatigue, son handicap le ralentit chaque jour. Bien souvent, il est contraint de dicter ses textes.